Bernard Garaut - 21 janvier 2025
Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…
Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.
« …Humaniser la folie,
Désaliéner les lieux de soins… » claironnait François Tosquelles !
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SAVOIR OU PAS
« Il faut encourager les idiots, les gens sans talent, les
gens de talent médiocre ou à peine mieux que moyen, qui
ont du génie. Il n’y a pas à craindre de les rendre
orgueilleux .
L’amour de la vérité est toujours accompagné d’humilité. »
Simone Weil
Des fois, on croit qu’on ne sait pas.
Ou qu’on sait.
Des fois on ne sait pas qu’on ne sait pas.
Mais on dit.
Ou on parle.
« Cet acharnement à parler !… »
De son savoir.
Son ignorance.
Des fois « on n’y arrive pas ! »
L’ignorance de l’arrivée..
Et si on s’occupait d’où on part.
De là où on est.
Le chemin nous dirait d’aller.
Peut-être.
Au moins essayer.
Ou encore… tais toi.
Par peur …
Comment dire alors, après, que je savais.
C’est L. qui dit ça, qui dit ne pas lever le doigt pour
répondre à la question, qui dit et si je me trompe, et qui
remarque plus tard qu’elle savait. Elle a 10 ans.
Étrange sentiment navigant entre l’amertume et le
ravissement de son savoir secret…
Mais quand même :
c’est bien le langage qui nous a installé dans l’humanité,
présenté au monde, porté par le regard, les bras, la parole.
Présenté à l’autre.
« …au début était le verbe. »
Où /quand/ quelque chose a lâché de cette assurance
initiale !..
Oui mais.
Comment apprendre….
« Essaie encore.
Échoue encore.
Échoue mieux. » …nous souffle Samuel Beckett.
Peut-être vous souvenez vous, quand l’enfant
apprend à marcher, accroupi derrière lui, vous êtes là, le
tenant par la taille, accompagnant cette tentative d’aller,
seul, une première fois vers l’autre.
Brinquebalant
il avance,
tente de se retourner,
hésitant de quitter,
et alors vous lui dites, vas-y, je suis là, je te regarde…
Je te tiens, je ne te lâche pas …du regard.
Peut-être là quelque chose d’une altérité à nourrir.
B.G.